Sans être la reine du shoot them up, la Neo·Geo peut se targuer de posséder dans sa ludothèque un joli panel de titres du genre. View Point, Pulstar, Last Resort, voilà autant de titres qui ont de quoi plaire, sans compter les seconds couteaux tels que Ghost Pilots, Alpha Mission II, Andro Dunos ou Aero Fighters 3. Bref, pour l'amateur de shoot them up, la Neo·Geo reste un support intéressant, à défaut d'être incontournable. 1996 confirme cet état de fait avec l'arrivée d'un nouveau prétendant, Ironclad (Chotetsu Brinkin'Ger au Japon). Signé Saurus, il ne sort que sur la Neo·Geo destinée à concurrencer les consoles grand public.

Justement, du côté des consoles grand public, la star est alors la PlayStation. Elle s'est bien sûr illustrée avec des titres forts (qui n'a pas pensé à Tekken et Ridge Racer ?) mais elle peine à trouver du shoot them up de qualité. Entre un Philosoma discutable, un Parodius intéressant et un View Point défiguré, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. L'année 1996 voit arriver X2: No Relief, la suite de Project X sorti sur Amiga. Il est développé par Team 17 et distribué par Ocean en Europe et Capcom (!) au Japon.

Ironclad est-il à la hauteur des ambitions de la Neo·Geo CD ? La PlayStation tient-elle son premier hit en matière de shoot them up ? Vision japonaise contre savoir-faire américain, la confrontation peut débuter.

 

Avec Ironclad, on retrouve des graphismes mélangeant pixel art, computer graphics et digitalisations avec plus ou moins de bonheur selon les niveaux. Cette curieuse association deviendra un peu la patte "Saurus" qu'on retrouvera un an plus tard dans Shock Troopers. Pour en revenir à Ironclad, s'il ne s'agit pas du plus joli shoot them up de la Neo·Geo, il reste très correct et s'illustre par sa grande variété : grotte, forêt, ville, égouts, campagne, château, etc. Varié, Ironclad se montre également plutôt détaillé. Enfin pour un shoot them up horizontal, il offre l'originalité d'une vue de 3/4 de dessus, ce qui permet de voir le sol et d'avoir des ennemis terrestres. On pourra juste regretter le manque de couleurs, donnant à certains décors de fond un côté granuleux.
X2 est sorti sur un support plus récent et cela se ressent. Plus fin, le titre de Team 17 est affiché en 320x256 pixels contre 304x224 pour celui de Saurus. Le joueur aura droit à un véritable feu d'artifice de couleurs avec de nombreux dégradés plus subtils les uns que les autres. Project X était en son temps un jeu magnifique, sa suite ne le déshonore pas. Petit bémol, il se montre visuellement moins varié que son rival, proposant beaucoup de niveaux dans les tons bleus.
Plus fin, plus régulier et malgré son manque relatif de variété, X2 remporte assez facilement ce premier point face à un Ironclad certes réussi, mais ayant parié sur un style graphique qui trahit le poids des ans de son support.

X2


Baptême du feu dans tous les sens du terme pour ce premier niveau.
(Ironclad)

Véritable déluge de couleurs pour un bien joli jeu.
(X2)


Ces trois robots ayant envahi la campagne sont très coriaces.
(Ironclad)

Ce niveau, glauque et organique, peut évoquer Pulstar.
(X2)

 

Avec "seulement" 178 Mbits, Ironclad ne peut se permettre des effets façon Pulstar, presque deux fois plus lourd. Il lui reste son animation très propre, sans saccade. Les ralentissements et autres clignotements sont des plus rares. Il y a bien quelques rendus 3D vers les diverses fins du jeu et pas mal d'ennemis sont en CG, mais cela reste somme toute assez modeste. Détail intéressant, le scrolling (logiquement forcé) peut changer de vitesse et de sens selon les moments.
X2 profite ici pleinement de sa terre d'accueil. Transparences à foison, effets pyrotechniques omniprésents, ennemis en CG en abondance, l'œil est à la fête. Animation séduisante, animation solide (clignotements et ralentissements sont quasi absents du jeu) mais animation perfectible : le défilement se met parfois à saccader. Ici aussi, le défilement peut devenir vertical, mais nous y reviendrons dans le chapitre sur la jouabilité.
Grâce à l'emploi massif de CG et ses transparences généreuses, X2 remporte de peu ce chapitre face à un Ironclad il est vrai moins festif, mais plus régulier.

X2


Animation sans trop de fioritures du côté de chez Saurus.
(Ironclad)

Les explosions sont particulièrement réussies.
(X2)


Les ennemis peuvent être assez nombreux et arriver de partout.
(Ironclad)

Les effets de tranparence sur ces astéroïdes sont saisissants.
(X2)


Avec Ironclad, le support est du CD et cela s'entend. Les orchestrations sont très variées, souvent puissantes et certaines resteront un bon moment dans la tête. Concernant les bruitages, c'est bien plus classique. On pourra regretter que les armes de niveau 3 (le laser) soient trop bruyantes, elles ont tendance à couvrir les excellentes compositions musicales.
Quant à X2, il confirme à 100% son appartenance aux premiers jeux occidentaux sur PlayStation. Si on aime la techno des années 90, qu'on retrouve dans Impact Racing ou même WipEout dans une moindre mesure, X2 ne dépareillera pas. C'est particulier, mais ce style technologique s'accorde plutôt bien avec les décors futuristes du jeu. Les bruitages sont bons, avec de nombreuses voix accompagnant divers moments de la partie.
Plus variée et plus personnelle, la bande-son d'Ironclad l'emporte sur celle de X2, plus conventionnelle.



Ironclad


Variées et inspirées, les mélodies sont dignes du CD.
(Ironclad)

Musique électronique typique des années 90 chez Ocean.
(X2)


L'univers steampunk ne transparaît pas dans les bruitages.
(Ironclad)

Voilà une construction particulièrement haute.
(X2)


Ironclad propose une jouabilité qui demande un petit temps d'adaptation, tant il y a de paramètres à gérer. Entre l'armement du vaisseau, celui du module-robot et le choix de ce dernier, les combinaisons sont fort nombreuses. On peut jouer de façon classique en dégommant tout ce qui approche ou chercher le corps à corps pour augmenter son score. Trois vaisseaux sont mis à disposition : un rapide, un équilibré et un puissant. Chose qui ne gâche rien, tout répond au doigt et à l'œil.
X2 dispose de trois vaisseaux similaires en termes d'équilibre à ceux de son rival. Il permet également quelques phases de tir vertical, ce qui rompt la monotonie qui pourrait s'installer. Les vaisseaux répondent très correctement et leur armement peut devenir franchement impressionnant. Hélas, le tableau est loin d'être parfait. La jouabilité est entâchée par un manque flagrant de lisibilité. La plupart des tirs sont bleus ou jaunes ? Pas de souci, les niveaux le sont également. Si au début tout va à peu près bien, dès qu'on embarque l'artillerie lourde, on déchante rapidement. On ne sait plus vraiment où on est, sur qui on tire, ni même si on nous tire dessus. Tout devient tellement confus qu'on bourrine en espérant ressortir indemne de ces avalanches d'effets bleutés.
Bien qu'au début plus attrayant qu'Ironclad, X2 dispose d'une jouabilité un peu trop brouillonne pour surpasser son rival à ce chapitre.

Ironclad


Gare aux tirs rapides de ce boss, assez imprévisibles.
(Ironclad)

Le jeu propose quelques passages verticaux.
(X2)


Il vaut mieux débuter avec le Bristol, bien équilibré.
(Ironclad)

Trois vaisseaux sont à disposition : de quoi trouver son bonheur.
(X2)

 

Le jeu de Saurus invite le joueur à une partie dont le nombre de niveaux oscille entre 4 et 6. Pas mal, pourrait-on dire, mais c'est moins que Pulstar et ses 8 stages, donc fin du débat. Attendez, non, ce n'est pas fini. A l'instar de Darius, Ironclad propose différents embranchements et le nombre total de stages s'élève à 15, ce qui est à saluer. Le jeu est assez équilibré, c'est-à-dire faisable sans trop de souci pour la fin 4C et ardu si on vise l'une des trois fins à un des niveaux 6. Cela, si on ne cède pas à la tentation du crédit infini. Petite curiosité, le jeu est (modestement) scénarisé, ce qui agrémente un peu la partie. Les vaisseaux ont une barre de vie, ce qui empêche la crispation qu'on pouvait connaître dans Last Resort ou Pulstar. Dernière chose, le jeu à deux sera en simultané.
C'est également le cas du jeu signé Team 17, ce dernier étant par ailleurs plus linéaire mais proposant un total de 10 stages, ce qui reste très honnête. Comme son rival, les vaisseaux ont une barre de vie, laquelle est extrêmement sensible aux chocs avec le décor (pas toujours très visible). Finir le jeu sera assez difficile, d'autant plus qu'il n'y a que deux niveaux de difficulté (contre 4 pour Ironclad) : Normal et Hard. Les boss se montrent sacrément résistants et n'ont pas de barre de vie, ce qui empêche de gérer aussi bien l'affrontement que dans le jeu Neo·Geo CD.
Certes moins long mais plus vaste, mieux équilibré, Ironclad sera bien plus prenant que son rival en donnant davantage envie d'y revenir, une fois terminé.

Ironclad


Ce système d'embranchements est emprunté à Darius.
(Ironclad)

Les bombes font le ménage quand on est submergé... ou perdu.
(X2)


Ce passage entre des tuyauteries est délicat à franchir.
(Ironclad)

Là aussi, passage assez tendu, de la même veine.
(X2)


 
Bilan
 
 



Probablement plus léger que son rival, Ironclad tire néanmoins son épingle du jeu grâce à sa très bonne durée de vie et à sa jouabilité offrant d'assez nombreuses possibilités. Cela, sans sacrifier la réalisation qui reste à la fois expérimentale et assez réussie.
X2 ne démérite pas du tout. Surclassant techniquement Ironclad, il propose une ambiance digne d'un WipEout et un défi relevé. Son mélange de shoot horizontal et vertical apporte une touche d'originalité bienvenue.
Voilà deux solides shoot them up, même si ce ne sont pas les plus connus sur leurs supports respectifs.

Tarma






 
     

   




 

SITES FILS