Fatal Fury et Street Fighter, c'est une vieille rivalité qui a commencé en 1991. Il faut attendre 1993 avec Fatal Fury Special pour que l'outsider de SNK puisse enfin rivaliser entièrement avec le hit de Capcom. Ce dernier sentant que son poulain est en fin de carrière, on a droit en 1995 à un tout nouveau départ avec Street Fighter Alpha (ou Street Fighter Zero au Japon). Partant sur de nouvelles bases, il dépoussière beaucoup la série, au prix d'une offre assez limitée : 6 décors, 10 combattants (13 en tout), on en fait assez vite le tour. C'est pour cela que 1996 voit arriver Street Fighter Alpha 2 / Street Fighter Zero 2 : 16 personnages, autant de stages, jouabilité très intéressante, réalisation en hausse... Tout est réuni pour avoir un hit et c'est bel et bien le cas. Fidèle à son éternelle logique de recyclage, Capcom sort six mois après une version survitaminée de sa nouvelle référence : Street Fighter Zero 2 Alpha. Elle n'est curieusement réservée qu'à l'Asie (Japon compris, bien sûr) et à l'Amérique du Sud. Le jeu passe de 226 à 258 Mbits et promet quelques petites nouveautés sympathiques.

De son côté, SNK n'en reste pas à un Fatal Fury Special qui serait amélioré indéfiniment. 1995 est l'occasion de relancer également sa série avec Fatal Fury 3. Il se montre un peu avare en décors et en combattants mais très généreux en termes de réalisation, de très haute volée. Hélas, sa jouabilité le condamne à ne pas autant séduire que son rival. C'est pour cela qu'à peine neuf mois après sort Real Bout Fatal Fury. Plus souple, plus attrayant, il sombre hélas dans une certaine pauvreté au niveau des décors, réduits à 5. Ce jeu reste toutefois un morceau de choix et trouve ses adeptes. Ne pouvant laisser Capcom seul avec ses deux versions de Street Fighter Zero 2, très fournies, SNK riposte en janvier 1997 avec un Real Bout gonflé aux anabolisants. Rebaptisé "Special", il s'annonce de tout premier ordre avec sa taille impressionnante de 394 Mbits.

Éternel recommencement, Street Fighter croise à nouveau sur sa route Fatal Fury. Et cette fois, on est bien loin du petit jeu de 1991 qui faisait sourire les fans de Capcom. Avec RBS, SNK aspire clairement à surpasser son rival.

 

Real Bout Fatal Fury Special est franchement joli, on retrouve le style dessin animé inauguré dans cette série avec Fatal Fury 3. La Neo·Geo est poussée dans ses derniers retranchements, le résultat étant splendide. Avec un bon rendu des perspectives, assez peu nombreux mais très fouillés et colorés, les décors sont une véritable sérénade pour l'œil du joueur. Petit bonus, ils évoluent au fil des manches, dans la grande tradition des Fatal Fury. Ajoutons à tout cela des mises en scène du plus bel effet et nous obtenons un bel étalage du savoir-faire de SNK. Les personnages sont efficacement redessinés pour la plupart. Ils sont désormais très costauds, dans un style qui évoque immanquablement la série Street Fighter Alpha, justement.
Street Fighter Zero 2 Alpha n'a pas bougé d'un pixel par rapport à son prédécesseur. Les stages sont donc superbes, tout en coloris pastel du meilleur aloi. On trouvera quelques décors bien vides, comme ceux de Chun-Li et Ryû et d'autres très détaillés, à l'image de ceux de Dan et Sakura. Le niveau d'ensemble reste joli et propre. Les personnages sont identiques au premier Street Fighter Alpha, c'est-à-dire tout en muscles et d'un trait très net. Capcom maîtrise son sujet et cela se voit.
L'avantage en finesse de Street Fighter Zero 2 Alpha relève surtout de la théorie, tant les graphistes de chez SNK se sont surpassés au niveau de la mise en couleurs. Malgré son nombre inférieur de décors (8 contre 20), RBS compense ce handicap grâce à un visuel de tout premier ordre. Au niveau des combattants, ils font jeu égal. Difficile de choisir entre excellente qualité et bonne qualité alliée à quantité.

Égalité


Ce magnifique stage est partagé par Mai, Andy et Sokaku.
(Real Bout Fatal Fury Special)

Nous retrouvons Sagat en Thaïlande, toujours devant un Boudha géant.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)


La plage Sound Beach de Southtown est un lieu mythique.
(Real Bout Fatal Fury Special)

Le camion du stage de Sodom est carrément impressionnant.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)

 

Qui dit sprites redessinés dit animation refaite. C'est le cas pour RBS, les personnages de ce dernier disposant d'une animation à la fois suffisamment rapide et superbement décomposée. Les décors sont interactifs sur leurs bordures, lesquelles peuvent être détruites. On pourra regretter les quelques ralentissements qui s'invitent parfois, en particulier quand il y a pas mal d'effets à gérer.
Du côté de chez Capcom, il y a également quelques ralentissements, mais encore moins que dans le jeu de SNK. Les personnages ont les mêmes mouvements que dans Street Fighter Alpha 2, c'est-à-dire nombreux et bien décomposés. N'oublions pas la vitesse réglable, mise en place depuis Super Street Fighter II Turbo, ce qui finit de convaincre. Même si on ne retrouve pas les effets pyrotechniques ultra-impressionnants d'un X-Men vs. Street Fighter, ce Street Fighter Zero 2 Alpha se montre très solide et complet en matière d'animation.
Malgré l'absence de décors interactifs, Street Fighter Zero 2 s'impose face à un très bon Real Bout Fatal Fury Special grâce à sa vitesse "Turbo", laquelle peut être désactivée pour ceux qui n'aiment pas spécialement la rapidité.

Street Fighter Zero 2 Alpha


Si Hon-Fu ne se dégage pas, le panneau en bois va céder.
(Real Bout Fatal Fury Special)

Moins d'effets que dans les jeux à licence Marvel, mais du solide.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)


Franco Bash a abusé des anabolisants, il est énorme.
(Real Bout Fatal Fury Special)

On aperçoit ici le petit frère de Sakura jouer en arrière-plan.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)

 

Pas mal de musiques ont changé depuis le premier Real Bout. Les mélodies sont nombreuses (une par personnage) et de très bonne qualité, l'échantillonnage sonore étant au top. Mention spéciale à la nouvelle musique de Krauser, Lacrimosa, toujours tirée du requiem de Mozart. Quant aux bruitages, c'est excellent : percutant, puissant, une grande réussite de ce côté-là également. Enfin les digitalisations vocales sont nombreuses et parfaites, que pourrait-on demander de plus ?
Dans Street Fighter Zero 2 Alpha, les musiques sont les mêmes que lors de l'épisode précédent. On pourra regretter de ne pas retrouver les versions remaniées présentes dans les adaptations Saturn et PlayStation du Street Fighter Alpha 2 de base. Il en ressort des mélodies feutrées et douces, à l'image des décors aux couleurs pastel. Certes sympathiques, elles n'ont ni l'inspiration de l'ancien Street Fighter II, ni la puissance, la personnalité et la qualité d'orchestration de celles de RBS. Les bruitages et autres voix sont par ailleurs d'un très bon niveau.
Grâce à ses excellentes musiques, le jeu signé SNK domine de la tête et des épaules son rival "capcomien" sans problème.



Real Bout Fatal Fury Special


Les musiques diffèrent selon les personnages.
(Real Bout Fatal Fury Special)

Musiques correctes et très bons bruitages pour Capcom.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)


¡Olé! Laurence se fait étourdir par un taureau déchaîné.
(Real Bout Fatal Fury Special)

Dan est en mauvaise posture contre Nash/Charlie.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)

 

Du côté de RBS, c'est très bon, les coups sortent avec une aisance déconcertante et les combinaisons sont bigrement bien pensées. Les enchaînements de coups peuvent être très longs, ce qui peut ravager la barre de santé, heureusement double. Les Desperation Moves et Super Desperation Moves sont très différentes à sortir d'un personnage à l'autre, les manipulations remontant pour la plupart à Fatal Fury 2, ce qui commence à dater. On ne peut étourdir son adversaire qu'en détruisant les extrémités des décors, ce qui incite à essayer de le bloquer dans un coin. Cela reste très difficile, tant la liberté de mouvement est grande, surtout grâce à la possibilité de changer de plan.
Avec Capcom, pas trop de suprise, ce qui n'est pas un défaut, quand on connaît le premier Street Fighter Alpha 2. Les coups sortent très bien, les enchaînements sont au rendez-vous, accompagnés du Custom Combo, toujours de la partie. Il y a quelques nouveaux coups pour certains personnages, mais cela reste très anecdotique. Même s'il n'y a pas plusieurs plans pour s'échapper, il y a par contre l'Alpha Counter (ou Zero Counter), lequel permet de bloquer un coup et de le contrer. Les Super sont également de la partie, toujours à 3 niveaux.
Ne souffrant pas de ses 3 boutons d'attaque contre les 6 de son rival, Real Bout Fatal Fury Special fait, dans son style, jeu égal avec Street Fighter Zero 2 Alpha. Nous avons deux titres extrêmement faciles à prendre à main et très agréables à l'usage. Ils offrent chacun une bonne marge de progression tout en restant abordables.

Égalité


Le changement de plan, pierre angulaire des Real Bout.
(Real Bout Fatal Fury Special)

Birdie subit la loi du Custom Combo de Ken... dans les chiottes !
(Street Fighter Zero 2 Alpha)


Ici, on ne dit pas "Combo" comme chez Capcom, mais "Rush".
(Real Bout Fatal Fury Special)

Chun-Li et son alter ego classique contre Adon en Dramatic Battle.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)

 

RBS dispose d'un panel de 19 combattants de base. À cela s'ajoute un combattant caché (le terrible Geese Howard) et 4 personnages en version alternative (Tung Fu Rue, Blue Mary, Billy Kane et Andy Bogard). Cela nous fait donc 20+4 personnages, ce qui est très honorable pour un Fatal Fury. Le jeu contre la machine n'est pas insurmontable mais affronter Geese demandera rigueur et patience. Quant aux parties à deux, elles s'enchaînent très bien, merci à la jouabilité très agréable. Malheureusement, il n'y a pas de mode versus où le joueur victorieux pourrait changer de personnage après une confrontation.
Street Fighter Zero 2 Alpha part sur la même base que son modèle, soit 18 personnages. Il apporte aussi son lot de gâteries cachées avec Evil Ryû et des personnages façon Street Fighter II, c'est-à-dire sans barre de Super. Ils n'ont donc ni Alpha Counter, ni Custom Combo, ni même garde aérienne. Les personnages concernés sont Ryû, Chun-Li, Ken, Dhalsim, Zangief, Sagat et Vega / Bison. Le boss caché du jeu, Shin Gouki, ne peut hélas qu'être affronté. Cela fait donc 18 + 7 personnages, voire 8 si on compte Chun-Li avec son costume classique. Le titre de Capcom dispose en outre d'autres modes. C'est assez étonnant dans le monde de l'arcade pour être souligné. On retrouve le Dramatic Mode, mais cette fois on peut prendre des personnages autres que Ryû et Ken. N'oublions pas non plus les Survival Mode et Shin Gouki Mode, ce dernier proposant d'affronter directement le boss ultime. Il faut admettre que ces modes ne sont que des bonus et qu'ils ne constituent pas le fondement de la durée de vie de Street Fighter Zero 2 Alpha.
Grâce à son roster de vrais personnages plus important (20 contre 18), RBS l'emporte de peu sur un rival étonnant au niveau des modes de jeu proposés.

Real Bout Fatal Fury Special


On voit ici que Geese Howard a été débloqué.
(Real Bout Fatal Fury Special)

18 personnages de base et quelques surprises en réserve.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)


Les duels proposent des personnages assez bien équilibrés.
(Real Bout Fatal Fury Special)

Chun-Li a paré ce Psycho Crusher juste à temps.
(Street Fighter Zero 2 Alpha)

 

 
Bilan
 
 



SNK a beaucoup de talent et RBS en est une brillante démonstration. Il se montre aussi jouable que Street Fighter Zero 2 Alpha et fait preuve d'une réalisation impeccable. Aspect témoignant du souci du détail, tous les personnages sont intéressants à jouer, ce qui n'est pas si courant dans le monde du jeu de combat. Bref, pour celui qui n'est pas rebuté par le système particulier des plans propre à Fatal Fury, ce RBS sera un pur régal vidéoludique.
Le jeu de Capcom transcende la première mouture de Street Fighter Alpha 2 en lui donnant un second souffle certes facile, mais ô combien appréciable. Mises à part ses musiques en retrait, il n'y a pas grand-chose à lui reprocher et il fait preuve d'un grand soin général. Les fans de Capcom le préfèreront à RBS et ce sera bien naturel, tant il se montre à la hauteur de la situation.
Si le jeu signé Capcom est très confidentiel sur CPS-II, il est davantage connu du grand public sous les noms de Street Fighter Zero 2', Street Fighter Alpha 2' et Street Fighter Alpha 2 Gold. On le retrouve par exemple dans Street Fighter Collection sur Saturn et PlayStation et Street Fighter Anthology sur PlayStation 2. Ces adaptations permettent de jouer avec Shin Gouki et Cammy (!). Si vous êtes attiré par ce jeu, n'hésitez donc pas !

Tarma






 
     

   




 

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