Quand on évoque les jeux de combat, on aurait généralement tendance à penser en premier à des titres tels que Street Fighter II' Turbo, Fatal Fury 2 ou encore Mortal Kombat. En effet ils se distinguent par leur qualité et surtout leur ambition.
Ce serait oublier d'autres jeux qu'on pourrait désigner comme des outsiders, des seconds couteaux. Certains appellent même parfois ces derniers poor fighters. Jeux de pauvres ? Pas si sûr, certains d'entre eux n'ayant pas grand-chose à envier à leurs confrères vivant sous le feu des projecteurs.

En 1993, ADK sort le deuxième épisode de sa série World Heroes. Plus généreux, plus coloré, cet épisode fait plaisir et s'impose d'emblée comme une alternative rafraîchissante aux poids lourds du genre. De son côté, Data East s'essaie pour la deuxième fois au jeu de combat après Karate Champ, son jeu se nomme Fighter's History.

Malgré le manque d'expérience dans le domaine de la part de leurs développeurs, malgré leur statut de "sous-Street Fighter", ces deux jeux ont des arguments à faire valoir. Il est temps de voir quel est le meilleur d'entre eux.

 

World Heroes 2 dispose d'une quantité impressionnante de décors (une très grosse vingtaine), ces derniers étant franchement colorés dans des tons vifs et contrastés. Ils sont globalement de bonne qualité, même si on peut en relever quelques-uns en deçà. Les lieux visités sont parfaitement en accord avec leur personnage associé et le dépaysement est garanti. Quant aux personnages, ces derniers sont d'une taille correcte, quoiqu'un peu plus petits que dans Fatal Fury 2 par exemple.
Fighter's History a pour lui une résolution à peine plus élevée (320x240 pixels contre 304x224) mais présente des stages qui paraissent plus finement dessinés, essentiellement grâce à des contours moins appuyés que chez le rival de chez ADK. En revanche il n'a que 11 décors, ce qui est à la fois correct... et pourtant très faible en comparaison de World Heroes 2. Mis à part les stages de Mizoguchi et de Clown, la mise en couleurs se montre plus sobre avec davantage de teintes puisant dans le marron et dans le vert. Les combattants sont suffisamment détaillés, à défaut d'être très originaux.
En dépit de ses graphismes d'un bon niveau, Fighter's History ne peut lutter contre les très nombreux et réussis décors de World Heroes 2.

World Heroes 2

 
Petite incursion chez les Papous où Mudman vous attend.
(World Heroes 2)

Jean joue les danseuses étoiles devant le Capitole à Washington DC.
(Fighter's History)

 
Le très classique (et efficace) Dragon Kick du Bruce Lee local.
(World Heroes 2)

Ambiance rose bonbon psychédélique chez Clown.
(Fighter's History)

 

World Heroes 2 a bien progressé par rapport à son aîné, sans toutefois pouvoir rivaliser avec un Street Fighter II' Turbo ou un Fatal Fury 2. Les mouvements sont bien décomposés et on notera quelques effets réussis, comme l'électrocution ou les flammes. Les décors sont richement animés avec pas mal d'humour, avec par exemple les moines sautant quand le sol tremble chez Shura ou le spectateur perdant son pagne chez Mudman. Le sol des décors bénéficie toujours du scrolling ligne par ligne.
Justement, Data East a également repris ce principe donnant une bonne perspective aux stages de Fighter's History. Les badauds dans ces derniers sont un peu moins humoristiques mais souvent mieux intégrés, ne se résumant pas à des spectateurs. Un homme qui passe un coup de balai, un jongleur sur un monocycle, un pêcheur sur sa pirogue, etc. Ajoutons à cela quelques éléments destructibles (statue, pancarte...) et nous aurons des stages fort convenablement animés. Concernant les personnages, c'est bien décomposé et d'une vitesse suffisante, peut-être un tantinet plus rapide que du côté de chez ADK.
Globalement, nos deux jeux en présence ont une animation équivalente.

Égalité


Les flammes sont particulièrement réussies.
(World Heroes 2)

Lee est un des combattants les plus vifs du jeu.
(Fighter's History)


Johnny Maximum n'aurait pas dû s'approcher de J. Carn.
(World Heroes 2)

Les décors comportent des parties destructibles.
(Fighter's History)

 

Dans World Heroes 2, chaque personnage dispose de son propre thème musical, sans compter quelques musiques allouées au mode Death Match. Sans être les meilleures de ce qui peut se faire, elles font preuve d'une bonne qualité et sont bien en accord avec les différents stages. Les bruitages sont d'un bon niveau, ils ne manquent pas d'impact et les digitalisations vocales sont fort nombreuses : on est bien sur Neo·Geo.
Fighter's History propose logiquement moins de mélodies, ces dernières se montrant très réussies et, là encore, tout à fait appropriées aux décors associés. Elles ont par ailleurs la particularité (à défaut d'avoir l'originalité) d'accélérer en fin de round, quand l'un des deux combattants n'a plus beaucoup de santé. C'est une idée empruntée au blockbuster de Capcom. Les bruits d'impacts sont percutants et les voix bien échantillonnées.
Là encore, pour ce chapitre sonore il est bien difficile de départager ces deux titres.



Égalité


Dans ce stage on peut entendre un chat effrayé miauler.
(World Heroes 2)

Le thème de Ryôko correspond parfaitement à son décor.
(Fighter's History)


Rasputin a droit à de nouvelles voix par rapport à World Heroes.
(World Heroes 2)

Bruitages classiques et efficaces chez Data East.
(Fighter's History)

 

World Heroes 2 dispose de deux niveaux de puissance déterminés par la durée de pression, avec un bouton pour les coups de poing et un bouton pour les coups de pied. Un troisième bouton est dédié aux saisies. Les coups spéciaux, assez nombreux pour chaque personnage, sortent plutôt bien, même si quelques manipulations pourront sembler curieuses. Les enchaînements sont présents bien que pas très nombreux. Enfin le jeu d'ADK dispose de quelques originalités comme les renvois de projectiles, les "contre-chopes" ou les pièges modifiant la tactique en mode Death Match.
Fighter's History se montre très classique avec ses six boutons utilisés, soit trois niveaux de puissance. Les enchaînements sont assez élaborés avec quelques chain combos dont le plus simple (poing faible mitraillé) peut se révéler ravageur. Classique ne signifiant pas sans aucune originalité, le titre de Data East propose une alternative à la gestion habituelle du stun. Chaque personnage a un point faible (vêtement) qu'il faut viser et harceler pour étourdir son adversaire. Une fois touché à trois reprises, le vêtement qui clignotait tombe et le combattant est vulnérable à un enchaînement qu'on ne manquera de placer, les projections étant peu puissantes (sauf pour Marstorius).
Plus proche de Street Fighter II que World Heroes 2 et gérant le stun de façon originale, Fighter's History remporte de peu cette manche face à un World Heroes 2 qui progresse bien par rapport à son aîné.

Fighter's History

 
Petit retour à l'envoyeur, Erick devrait se méfier.
(World Heroes 2)

Quoi de plus naturel d'envoyer un tigre à celui qui vit dans leur pays ?
(Fighter's History)

 
Inutile de réfléchir : il faut bourriner pour survivre.
(World Heroes 2)

Marstorius est plus que redoutable au corps à corps !
(Fighter's History)

 

C'est là que l'assez grosse différence de taille entre les deux jeux - 50 Mbits d'écart tout de même - se fait le plus sentir. World Heroes 2 en offre vraiment beaucoup : 14 personnages jouables, 2 boss et 2 modes de jeu (auquel s'ajoute un vrai mode Versus, avec changement du personnage pour le gagnant). Le mode Normal vaut largement un bon jeu de combat classique et le Death Match, avec ses pièges et sa barre de santé unique, apporte la grosse touche d'originalité dont il a bien besoin. Contre la machine, World Heroes 2 n'est pas très difficile, même si le jouer contre un CPU prenant beaucoup de priorités sera assez rageant. Pour se consoler, on pourra se dire qu'on a deux Bonus Stages plus intéressants que dans le premier World Heroes.
Fighter's History doit sacrément courber l'échine à ce niveau, malgré son panel honorable de 9 combattants. Avec un seul mode de jeu et un Versus sans possibilité de changer de personnage quand on gagne, il ne peut lutter contre la générosité du titre d'ADK. Terminer le jeu n'est pas insurmontable, le boss Karnov étant moins intraitable que Dio de World Heroes 2.
Fort de ses 14 personnages et de son Death Match, World Heroes 2 surclasse ici sans souci un Fighter's History qui reste dans l'absolu assez correct à ce chapitre.

World Heroes 2


14 combattants et deux modes de jeux, ADK frappe très fort.
(World Heroes 2)

La grille de sélection est excentrée en mode solo et double à deux.
(Fighter's History)


Le second Bonus Stage demande un minimum d'organisation.
(World Heroes 2)

Finir le jeu en un crédit n'est pas infaisable.
(Fighter's History)

 

 
Bilan
 
 



On critique souvent ADK pour n'avoir fait qu'un sous-Street Fighter, de ne pas avoir été original, etc. Il n'empêche que, même en admettant tout cela (Street Fighter II' Turbo lui est supérieur et c'est vrai que ce n'est pas un jeu particulièrement original), le jeu signé ADK a deux atouts dans sa manche : une réalisation solide et une durée de vie de premier ordre. Pour un jeu de second choix, ce n'est pas mal du tout.
De son côté, Fighter's History constitue un bien joli coup d'essai de la part de Data East. Sa jouabilité correcte et sa réalisation de qualité en font une bonne alternative aux vedettes du genre. Ce jeu est d'ailleurs disponible sur Super Famicom et sa suite sur... Neo·Geo.
Dans tous les cas, et même si ce ne sont pas les meilleurs, voilà des titres qui méritent le détour et sauront contenter le joueur en quête de jeux alternatifs.

Tarma






 
     

   




 

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