1990 est l'année du lancement de la Neo·Geo. Le système de SNK se voit pourvu de titres aux genres assez variés : du baseball avec Baseball Stars Professionnal, de la plate-forme avec Magician Lord, du golf avec Top Player's Golf, du sport mécanique avec Riding Hero ou encore du beat them up avec Ninja Combat. Bref, il y a de quoi s'occuper avec cette jolie sélection. Et le shoot them up ? Le genre n'est pas oublié et la Neo·Geo accueille deux run and gun, un façon Cabal (NAM-1975) et un autre en vue de profil, Cyber-Lip.

Ce dernier sort quelques mois après une adaptation d'un film mêlant science-fiction et action, un titre signé Konami, le développeur à qui on doit le mythique Contra. Cette fois Konami adapte Aliens ; le film de James Cameron se distingue de son illustre prédécesseur par une ambiance moins oppressante et par beaucoup, beaucoup plus de xénomorphes et d'action. Cela convient parfaitement pour servir de base à du bon run and gun bien bourrin et jouissif, et les développeurs de chez Konami l'ont bien compris.

Une ambiance "futuro-organique", des ennemis particulièrement hostiles, de l'action très soutenue, voilà un programme qui ne se refuse pas !

 

Même s'il est loin de pousser la Neo·Geo dans ses retranchements, Cyber-Lip ne se montre visuellement pas désagréable en proposant pas mal de détails et de couleurs. L'ambiance est clairement futuriste tout en étant organique. Si les décors sont assez classiques mais corrects, on donnera une mention spéciale aux ennemis, en particulier les boss : ces derniers sont énormes et bien dégoûtants à souhait.
Bien qu'affiché avec une résolution moindre (288x224 pixels contre 304x224 pixels pour Cyber-Lip), le visuel du jeu de Konami ne semble pas particulièrement moins fin à l'écran. Aliens s'appuie efficacement sur le film éponyme tout en affirmant son appartenance à l'arcade de la fin des années 80. C'est futuriste, c'est technologique, c'est même glauque et organique, tout en étant bien plus coloré que le film. Ce dernier n'est toutefois absolument pas trahi, le bestiaire xénomorphe étant présent et même étendu de façon inspirée. On rencontrera différentes catégories d'aliens ainsi que de toutes nouvelles créatures, parfaitement dans l'esprit de l'univers du film.
Plus inspiré, plus ancré dans le monde futuriste qu'il nous propose, Aliens prend l'avantage sur un Cyber-Lip certes réussi, mais un peu timide à ce chapitre.

Aliens


On reconnaît la Statue de la Liberté au fond, façon New York 1997.
(Cyber-Lip)

Konami a fait le choix de plutôt bien coller à l'esprit du film.
(Aliens)


Les décors sont certes futuristes, mais pas toujours inpirés.
(Cyber-Lip)

Un bestiaire varié évolue dans des décors bien peu ragoûtants.
(Aliens)

 

En ce qui concerne la qualité d'animation, Cyber-Lip n'est absolument pas un modèle du genre. Les mouvements des héros sont assez raides et les décors manquent un peu de profondeur en n'ayant au mieux qu'un scrolling différentiel à deux plans. Seuls les boss, énormes, impressionnent et rappellent qu'on est sur Neo·Geo. Honnêtement, pour de l'arcade, on pouvait espérer un peu mieux.
Sans époustoufler, Aliens se montre correct à ce chapitre. Les héros comme les ennemis sont des mouvements assez nombreux, les décors sont - sommairement - animés (avec au mieux deux plans de défilement pour les extérieurs), le jeu ne souffre pas de gros ralentissements ou clignotements... Mais cela reste également assez basique.
Si nos deux opposants ne brillent pas vraiment à ce chapitre, Cyber-Lip prend ici un petit avantage essentiellement grâce à ses boss.

Cyber-Lip


Le défilement du scrolling s'inverse parfois, et va à gauche.
(Cyber-Lip)

Au fond, on voit les pauvres colons enlevés par les Xénomorphes.
(Aliens)


C'est le moment d'une petite séance de shoot them up vertical.
(Cyber-Lip)

Attention aux ennemis qui tirent en haut de l'écran.
(Aliens)

 

Cyber-Lip se distingue par les digitalisations vocales présentes pendant les cinématiques. C'est franchement réussi et cela fait toujours son petit effet. Le reste des bruitages est d'un niveau très variable : cela va du bon au criard d'une qualité plus que douteuse. Quant aux musiques, elles soutiennent très correctement l'action, même si elles sont un peu trop couvertes par les bruitages. Si on tend l'oreille, on se rend compte qu'elles sont de bonne qualité et assez variées, sans toutefois être inoubliables.
Le jeu signé Konami propose des mélodies assez diversifiées : tantôt très rythmées, tantôt plus oppressantes, elles contribuent grandement à l'ambiance du jeu. Du côté des bruitages, s'il n'y a pas les digitalisations vocales de Cyber-Lip, le reste est de meilleure qualité que du côté de chez SNK.
Malgré ses musiques de bonne qualité et ses digitalisations vocales, Cyber-Lip perd ici le point face à un Aliens qui se révèle tout à fait convaincant avec son atmosphère impeccable.



Aliens


Bienvenue dans un futur infesté de cyborgs.
(Cyber-Lip)

La musique convient parfaitement à ce jeu d'action.
(Aliens)


Certains bruitages couvrent vraiment trop les musiques.
(Cyber-Lip)

Cette zone manifestement pleine d'œufs doit être nettoyée.
(Aliens)

 

Cyber-Lip est un run and gun aux frontières de la plate-forme. Il n'y a aucune profondeur et les sauts ont parfois leur importance. Les armes, sans être particulièrement nombreuses, sont suffisantes et les commandes répondent parfaitement. Petit regret, il est impossible de tirer en diagonale, ce qui oblige à bien prévoir ses déplacements en fonction des ennemis. Si aucun véhicule n'est disponible (hormis le petit module quand on revient après une mort), le fait d'avoir des phases où on tire soit vers le bas, soit vers le haut, rompt un peu la monotonie. Enfin certains niveaux proposent un scrolling forcé.
Avec ses déplacements en profondeur et sa barre de vie, Aliens lorgne
quant à lui un peu du côté du beat them up. Les armes sont assez peu nombreuses, mais fidèles au film : outre la mitrailleuse de base, on retrouve le lance-roquettes et le lance-flamme incônique du film, sans compter quelques grenades et autres tirs multiples. Il n'y a pas à proprement parler d'item alloué à une arme en particulier : il suffit, comme dans certains shoot them up, d'attendre que l'item à ramasser change pour une autre arme. Détail réjouissant, il est également possible de manier le mythique robot de chargement visible dans le film. Des phases de tir en vue de dos où il faut sauver Newt (et surtout dégommer un maximum de xénomorphes) viennent également ponctuer le déroulement du jeu.
Chacun dans sa logique, Cyber-Lip et Aliens proposent une jouabilité très défoulante, très arcade, très réactive.

Égalité


L'action est soutenue, les commandes répondent très bien.
(Cyber-Lip)

Il est possible de manier l'icônique P-5000 Powered Work Loader.
(Aliens)


Il vaut mieux trouver la faille d'un boss plutôt que tirer sans réfléchir.
(Cyber-Lip)

Phase de tir en vue de dos à bord du M577 Armored Personnel Carrier
(Aliens)

 

Cyber-Lip est un jeu qui se finit rapidement... surtout sur console Neo·Geo où les crédits sont infinis. Si on joue sur MVS (bon, là aussi, on a en quelque sorte les crédits illimités) ou qu'on se limite à un crédit sur console, le défi devient assez relevé. Histoire d'augmenter la durée du vie, il y a quelques chemins alternatifs et il est possible de jouer à deux en simultané. Quoiqu'il en soit, cela ne doit pas occulter le fait que Cyber-Lip reste un jeu assez court, une partie demandera à peine une demi-heure.
Finir Aliens ne demandera guère davantage de temps, on est en fin de compte dans la norme arcade. Le jeu exige de sacrés réflexes et les derniers niveaux sont infestés d'ennemis toujours plus nombreux. Les fans du film apprécieront le déroulement du jeu, ce dernier suivant d'assez près celui de son modèle, avec l'affrontement final contre la reine alien !
D'une durée à peu près équivalente et assez courte, nos deux opposants tablent davantage sur l'envie de refaire une partie, on est à 100% dans l'esprit arcade. À ce jeu-là, Aliens s'en sort un peu mieux grâce à des situations un peu plus variées, ce qui donne davantage envie d'y revenir. Cela étant, rejouer à Cyber-Lip reste plaisant, surtout à deux.

Aliens


À deux, c'est toujours mieux... et un peu moins difficile.
(Cyber-Lip)

Le premier joueur contrôle Ripley, le second a droit à Hicks.
(Aliens)


Une partie de Cyber-Lip dure un peu moins d'une demi-heure.
(Cyber-Lip)

Lors des phases de dos, le jeu prend des airs de Cabal.
(Aliens)

 

 
Bilan
 
 

Avec leurs approches aussi différentes que convaincantes, ces deux run and gun sauront sans doute séduire l'amateur d'action et d'arcade.
Cyber-Lip fait figure de très honnête jeu, son ambiance est réussie, son action est soutenue et ses boss sont dans la pure veine arcade. Bref, c'est un solide titre de 1990, même s'il est loin d'être parfait.
Aliens lui est légèrement supérieur, surtout grâce à sa fidélité au film, ce qui lui confère une atmosphère du tonnerre. Les quelques libertés prises (ennemis, environnements et ennemis ajoutés) s'intègrent très bien à l'ensemble.
De plus, le jeu signé Konami a mieux vieilli, gardant toute l'aura du film alors que Cyber-Lip a fini totalement éclipsé sur Neo·Geo par les différents opus de la saga Metal Slug.

Tarma






 
     

   




 

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