Data East est un habitué des jeux délirants. Outre son Karnov fétiche, rappelons que le développeur est à l'origine de titres notoires tels que Tumblepop, Joe & Mac ou encore Boulder Dash. L'arrivée sur Neo·Geo d'un jeu de plates-formes très typé arcade est donc forcément une bonne nouvelle, si on veut s'éloigner un temps des Fatal Fury et Samurai Shodown. Le titre en question est Spin Master, sorti à la toute fin de l'année 1993 sur MVS et au début de l'année 1994 sur console AES. Digne héritier des jeux sus-cités, il arrive avec son design très cartoon, dans la parfaite continuité visuelle de Dashin' Desperadoes. Pas très lourd pour un jeu Neo·Geo avec ses 90 Mbits, il se distingue par la résolution employée, légèrement plus basse qu'à l'accoutumée : 304x216 pixels au lieu des 304x224 habituels.

Le jeu de Data East ne reste pas longtemps la nouveauté arcade en matière de plate-forme / action axée sur l'humour. Mitchell (compagnie surtout connue pour avoir développé Pang) s'invite à la fête avec Charlie Ninja, un jeu marchant sans complexe sur les plates-bandes du titre de Data East. De l'humour ? Pas de souci. Des graphismes dignes d'un dessin animé ? Il a ça en rayon. Deux héros qui se ressemblent ? Ça peut se faire ! Bien que plus léger que son rival avec ses 46 Mbits, il se rattrape au niveau de sa définition de 320x240 pixels. Enfin, et cela ne s'invente pas, le jeu tourne sur le système Simple 156. Une carte conçue par... Data East !

Plutôt que d'une lutte acharnée, il s'agit donc ici d'un comparatif entre deux jeux complémentaires édités par des développeurs certes amis, mais ici rivaux. Le tout placé sous le signe de l'humour, que demander de plus ?


Avec Spin Master, les habitués des jeux signés Data East (Joe & Mac et surtout Dashin' Desperadoes) ne seront absolument pas dépaysés. Les couleurs sont vives, le design est flatteur, les détails sont nombreux, etc. Malgré une résolution a priori limitée, le rendu est plus que satisfaisant avec un visuel très "arcade", très abouti. La qualité, c'est bien. La variété, c'est mieux. Spin Master ne déçoit pas non plus à ce niveau avec de lieux variés à visiter, même au sein d'un niveau. Un aéroport, une forêt tropicale, une pyramide, un temple grec, etc. Spin Master n'est certes pas le plus beau jeu Neo·Geo, mais il reste visuellement bien attrayant.
En comparaison d'un Spin Master, on pourrait dire que visuellement, Charlie Ninja est loin de faire pâle figure. Plus fin, son trait profite de la résolution employée, plus élevée. Plus coloré, il présente des tons extrêmement vifs à la limite de la publicité clandestine pour lunettes de soleil. Quant à la variété, notre Charlie Ninja ne peut faire tout à fait aussi bien que Spinmaster, sans doute trop court en Mbits. Il n'y a qu'un seul décor par niveau, mais ces derniers sont fort bien choisis : Far West, forêt, ville, etc. L'ensemble est aussi incohérent au niveau du choix des décors qu'homogène pour leur traitement visuel.
Moins varié que son rival mais plus fin et encore plus coloré (ce qui va dans le sens de ce style de jeu), Charlie Ninja fait ici jeu égal avec Spin Master.

Égalité


Ambiance cartoon et humour omniprésent chez Data East.
(Spin Master)

Le Far West est revisité façon grand n'importe quoi.
(Charlie Ninja)


Cette croisière en Chine est très mouvementée.
(Spin Master)

Attention à ne pas se prendre un ballon sur la tête !
(Charlie Ninja)


Avec le titre de Data East, le maître mot est humour. Les mimiques hilarantes ne manquent pas : ennemis chutant ridiculement, boss pleurant après une défaite, momies se désagrégeant, etc. Humour, mais également effets pyrotechniques au programme. Les différentes magies faisant office de bombes présentent des effets visuels très réussis, à la hauteur des ravages qu'elles provoquent. Pour le reste, on a une animation à la fois rapide et correctement décomposée.
Charlie Ninja pousse encore plus loin l'humour des héros pouvant se prendre les pieds dans un piège à ours, se brûler ou toute autre joyeuseté ridicule à souhait. L'animation des différents personnages reste par ailleurs assez basique, comme toujours dans ce genre de jeu. Détail amusant, dans un cas comme dans l'autre, les coups sont la plupart du temps accompagnés d'onomatopées dignes de Batman (la série des années 60, cela va sans dire).
Si aucun de nos deux jeux n'atteint des sommets de qualité d'animation, ils se distinguent avec de nombreuses situations comiques, sans compter les effets visuels de Spin Master. Cela rend le tout très agréable, malgré une base simpliste.

Spin Master


Ce passage en chariot a un petit goût d'Indiana Jones.
(Spin Master)

Le personnage en vert semble s'être échappé d'un film d'horreur.
(Charlie Ninja)


Petite excursion dans une jungle particulièrement inhospitalière.
(Spin Master)

Les animations humoristiques foisonnent dans ce jeu.
(Charlie Ninja)


La Neo·Geo est capable de prouesses sonores mais ce n'est pas Spin Master qui la poussera dans ses retranchements. Les mélodies sont entraînantes et adaptées aux différents décors. Là n'est pas le problème. Le souci est que l'échantillonnage est moyen, que les thèmes musicaux sont un peu courts et que niveau inspiration, cela ne casse pas trois pattes à un canard. Quant aux bruitages, c'est percutant, parfaitement en accord avec les nombreuses onomatopées apparaissant à l'écran. Spin Master a une bande son convenable, mais qui ne transcende aucunement son support.
Charlie Ninja dispose de musiques en parfaite adéquation avec les divers lieux visités. Dès le premier niveau, on est dans l'ambiance avec une musique digne d'une parodie de western (forcément spaghetti). Le reste est de la même trempe, avec une qualité plus que correcte. Les bruitages sont assez répétitifs mais tout à fait appropriés.
D'une qualité sonore supérieure à celle de son rival et davantage inspiré que ce dernier, Charlie Ninja remporte la victoire.



Charlie Ninja


Musicalement, la Neo·Geo n'est pas surexploitée par Data East.
(Spin Master)

Musiques entraînantes et bruitages humoristiques chez Mitchell.
(Charlie Ninja)


Bien que simplistes, les bruitages restent efficaces.
(Spin Master)

Certaines musiques sont plus anodines que d'autres.
(Charlie Ninja)


Data East a doté son jeu d'une jouabilité très au point : frapper, sauter, utlisation de magies, sans compter les glissades et autres tirs concentrés. Bref, Spin Master est complet dans son maniement de base, mais aussi en armement : yo-yo, gants de boxe, missiles à tête chercheuse, les gâteries ne manquent pas. Tout répond parfaitement et se fait de façon intuitive.
Contrairement à son rival, Charlie Ninja n'utilise que deux boutons : un pour frapper et un pour sauter. Nos deux héros peuvent bien sûr faire un double saut, comme tous les ninjas du monde. Toujours à propos du saut, on notera que, contrairement à Spin Master, sauter sur un ennemi est à éviter. Les armes sont assez variées et tournent généralement autour de la caricature qu'on peut se faire des ninjas. S'il n'y a pas de bombe, on pourra se consoler avec une originalité : la possibilité de se cacher momentanément.
Aussi précis que Charlie Ninja, Spin Master se démarque avec ses mouvements plus nombreux et ses armes, un peu plus diversifiées.

Spin Master


Maintenir A enfoncé autorise un coup plus puissant.
(Spin Master)

Pas de super magie mais la possibilité de s'occulter.
(Charlie Ninja)


Par le pouvoir du gant de boxe ancestral !
(Spin Master)

On m'voit, on m'voit plus. On m'voit, on m'voit plus. On m'voit un peu.
(Charlie Ninja)


Pas très long, Spin Master ne brillera pas à ce chapitre. Il ne dispose que de cinq niveaux et n'est pas très long. La difficulté est assez bien dosée et la possibilité de jouer à deux relance l'intérêt. Certaines situations comme la ballade en barque ou la poursuite en chariot de mine cassent un peu la routine, mais cela reste plutôt timide. Le jeu de Data East manque clairement de longueur et/ou de stages. On sait qu'il s'agit d'un jeu d'arcade, mais quand même...
Mitchell a limité son jeu à moins de 50 Mbits et cela se voit au niveau de la longueur. Il n'y a aussi que cinq niveaux, pas très longs. À l'instar de Spin Master, il est tout à fait possible de jouer à deux, ce qui est l'occasion de s'y remettre un peu... si on n'a pas peur d'employer un nombre faramineux de crédits. C'est là qu'apparaît une des faiblesses de Charlie Ninja. Puisqu'il n'est pas très long, les programmeurs ont peut-être voulu lui rallonger sa durée de vie en le rendant plus difficile. Au final, on a un gouffre à crédits, les ennemis arrivant de partout et sans arrêt. L'effet obtenu est inverse à l'intention de départ. Une fois terminé, on n'a pas tellement envie d'y revenir.
Contre toute attente, Spin Master remporte la manche sur un aspect où il est loin de briller. Il gagne, mais sans aucun éclat.

Spin Master


Pas question de charmer ces deux serpents !
(Spin Master)

Ce boss prénommé Freddie est fan des Village People.
(Charlie Ninja)


Des phases orientées plate-forme pure agrémentent le jeu.
(Spin Master)

Certains passages sont copieusement chargés en ennemis.
(Charlie Ninja)


 
Bilan
 
 



Bien entendu, Spin Master n'est pas censé être un fer de lance destiné à promouvoir la Neo·Geo. Il laisse bien volontiers ce difficile rôle à Samurai Shodown et consorts. Son but est de divertir au sens premier du terme. Séduisant avec ses graphismes typés dessin animé, il sait garder le joueur le temps de quelques parties avec sa jouabilité agréable et son mode pour deux joueurs. Malgré ses lacunes (son et durée de vie), il parvient à prouver qu'il reste un bon choix dans le domaine particulier de la plate-forme arcade.
De son côté, Charlie Ninja s'en sort avec les honneurs. Très joli et encore plus déjanté que son rival (certains boss sont de vrais moments d'anthologie), il n'a pas à avoir honte de sa bande-son bien adaptée et de sa prise en main. Avec une rallonge de Mbits et une difficulté plus progressive, il pouvait ravir la victoire à Spin Master.


Tarma






 
     

   




 

SITES FILS